Abeilles à Balma : extinction ou mutation ?

Groupe "Biodiversité"

APCVEB: Groupe "Biodiversité"

Article | 14 octobre 2020, par Roger CULOS

Du rucher initial ...

Depuis 2011, les abeilles ont été à l’honneur dans la commune : l’installation d’un rucher a été un instrument de sensibilisation à l’environnement et un outil pédagogique prisé par les élèves et les enseignants.

Au fil des ans, la journée des portes ouvertes au rucher est devenue un moment apprécié de rencontre des balmanais.

Le rucher a été créé en 2011 par l’agenda 21 de Balma pour accueillir des abeilles et sensibiliser la population.

L’association d’apiculteurs ("Abeillement vôtre") qui gérait le rucher pour la communauté considérait le lieu propice au développement du rucher, peuplé rapidement de 20 à 30 colonies productives. Les abeilles sauvages (c’est-à-dire non sélectionnées) butinaient la végétation plus ou moins spontanée des abords de l’Hers, peu perturbée par les cultures industrielles.

Parallèlement à la création du rucher, la prairie qui l’entoure, riche en biodiversité, a fait l’objet d’une protection précoce expliquée sur des panneaux à destination des promeneurs.

Jusqu’en 2015, le rucher a fait l’objet d’une activité et d’un entretien tout au long de l’année

Avec d’autres associations, l’APCVEB a participé à l’accueil des visiteurs en organisant des sorties de découverte de la biodiversité de la vallée, en concevant un "chemin de la prairie" montrant les pollinisateurs et les fleurs de la prairie de la mairie.

... au rucher actuel

Depuis plusieurs années, les abeilles trouvent place dans l’enclos fermé uniquement pendant la préparation de la fête du printemps. Pendant les autres périodes, le rucher est vidé plus ou moins complètement.

Désormais, le rucher est désert une partie de l’année. Ici en avril 2019.

En 2014, un cheminement avait été créé pour illustrer la vie de l’abeille, et le rôle des pollinisateurs. Au travers de la prairie longeant l’Hers, il aboutissait au rucher, où l’on pouvait découvrir le travail des apiculteurs. Les panneaux disposés alors sont aujourd’hui mal entretenus, aucune promotion ou animation de ce parcours n’est proposée en dehors du week-end annuel d’animation autour du rucher, et le parcours conduit la majeure partie de l’année à un rucher abandonné aux frelons asiatiques - et probablement à d’autres prédateurs.

Le "chemin de l’abeille" conduit à un rucher à l’abandon
En l’absence de surveillance, les frelons asiatiques sont libres d’attaquer et de tuer les abeilles à l’entrée de la ruche.

Des abeilles en ville

Pendant ce temps, d’autres abeilles ont fait leur apparition en ville : certaines en gros plan sur les sucettes et panneaux, d’autres ont envahi le rond point des aérostiers.

Apis virtualis balmanica : une nouvelle espèce d’abeilles à Balma

Décalage ? - Le contraste entre un rucher qui semble à l’abandon et une décoration flambant neuve sur le rond-point des aérostiers interroge. Quelles actions au quotidien sont réellement prises en faveur du développement des abeilles et plus généralement des insectes pollinisateurs ? les plantes qui leur sont nécessaires sont-elles préservées ? les prairies entretenues ?

"Les papillons, insectes et autres pollinisateurs" (sic*) mentionnés sur les nombreux panneaux sont à la peine puisque malgré l’annonce affichée, la plupart des parcelles fléchées ont été tondues régulièrement depuis la fin de l’hiver 2020.

Parmi d’autres, la prairie du rucher a été rasée prématurément fin juillet ce qui a pour conséquence la fin des cycles de reproduction des insectes déjà plombés par la sècheresse.

Rue Santos-Dumont, avril 2020. Ni le confinement ni le panneau bien en évidence n’ont protégé les herbes hautes.

Ce décalage entre l’affichage (au sens propre) et la réalité est d’autant plus surprenant que quelques zones ont été épargnées, en accord avec les annonces des panneaux.

Quand les herbes grandissent, la vie s’y installe. Ici la prairie à l’arrière de la mairie, une des rares non fauchées en mai 2020.

Des questions se posent ...

Les abeilles du rucher sont à l’abandon tandis que des abeilles métalliques fleurissent sur le rond point. Des panneaux annoncent la préservation des herbes hautes, tandis qu’à leur pied tout est fauché en période de floraison. Ces paradoxes nous font nous interroger :

  • à propos du rucher municipal :
    • en dehors de la journée porte ouverte du mois de mai, quel rôle est attribué à ce rucher ?
    • quelle est son utilité pour l’environnement tel qu’il est entretenu aujourd’hui ? qui l’entretient ? selon quelles exigences ?
    • quel est sa vocation pédagogique ? pour les scolaires ? pour les particuliers ? pour les entreprises ?
  • à propos des espaces public enherbés :
    • Quels objectifs se donne-t-on du point de vue environnemental ?
    • quelle est la logique qui conduit à préserver certains espaces et à faucher les autres ?
    • Comment est assurée la coordination entre l’affichage des panneaux et les directives données aux agents ?
    • quel est l’impact sur la population de ce manque de lisibilité ? ne manque-t-on pas l’objectif annoncé de sensibilisation ?

... qui appellent des actions concrètes

Promouvoir le développement des pollinisateurs et la préservation des prairies au travers des fauches tardives sont incontestablement de bonnes idées , favorables à un renforcement de la biodiversité locale. Encore faut-il leur donner un cadre, assurer leur suivi, et avoir une communication en phase avec la réalité des actions.

L’appauvrissement de la biodiversité est aujourd’hui une réalité démontrée par toutes les enquêtes quantitatives. Afficher des intentions ne suffira pas à adresser le problème dont chacun, à son niveau, particuliers et collectivités, doit se saisir.

Nous attendons que les actions conduites correspondent concrètement à la volonté largement affichée.

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A noter

Photos : Roger Culos, François Granja, Elisabeth Kaya, Renaud Laurette