Quelles perspectives pour les villes du 21ème siècle ?
Futurapolis 2017

Groupe "Territoires"

APCVEB: Groupe "Territoires"

Article | 3 décembre 2017, par Pascal PREL

Le magazine Le Point organisait son forum de l’innovation « Futurapolis » à Toulouse les 24 et 25 novembre dernier. Cet ensemble de tables rondes et exposition avait pour cadre le Quai des Savoirs, La Faculté de Médecine ou bien le Muséum d’Histoire Naturelle, situés côte à côte allées Jules Guesdes. Je me suis intéressé plus particulièrement à 3 tables rondes : « Quelle ville pour demain », « Dessine moi une ville  » et « La ville dans les nuages ».

Le rôle des villes est de plus en plus important, accueillant aujourd’hui 55% de la population mondiale, ce pourcentage continuant sans cesse d’augmenter de concert avec l’augmentation de la population mondiale. L’enjeu humain est donc majeur, et se pose la question de la soutenabilité de ces agglomérations toujours plus peuplées : comment subvenir aux besoins essentiels en eau et nourriture, en air respirable, en mobilité et autres services, en protection vis à vis des impacts du réchauffement climatique, cette dernière exigeant une nécessaire frugalité énergétique globale ?

Erik Orsenna propose sa vision d’une « bonne ville », combinant 3 caractéristiques majeures :

  • Une ville efficiente, permettant de fournir ses services de manière efficace et au moindre coût ;
  • Une ville attractive, en termes d’emploi comme en termes de propositions culturelles, rendant la ville vivante ;
  • Une ville mixte, permettant un tissage de liens entre tous les usagers et tous les usages, à l’opposé d’un zonage de ces derniers !

Concernant l’efficience, une densité de population suffisante est soulignée comme un facteur majeur, du fait des réductions d’énergie (par exemple les transports individuels) ou de la mutualisation des services que cela permet (par exemple les transports en commun). Il est à ce titre déploré que la mauvaise habitude d’une croissance urbaine horizontale est toujours vivace, et qu’il est difficile de faire accepter des modes d’urbanisation plus verticaux, l’idéal étant de mixer ces différentes formes d’urbanisation. A titre de comparaison, Toulouse occupe une surface supérieure de 12% à celle de la ville de Paris, pour une densité 5 fois moindre ! « Penser la ville de demain » est important, mais « réparer la ville d’aujourd’hui » l’est tout autant, sinon plus !
Un des enjeux majeurs d’efficience concerne la capacité a subvenir aux besoins en eau. Dans de nombreuses régions du monde, comme à Toulouse, le climat devient plus aride et conduit à la baisse du niveau des fleuves et à la diminution des réserves constituées l’hiver par les glaciers en montagne (l’eau potable de Toulouse est en effet entièrement prélevée dans La Garonne et rejetée après traitement dans celle-ci).
Les nouvelles technologies peuvent contribuer à cet objectif d’efficience (réseaux intelligents, capteurs connectés...), mais leur usage effectif et leur intégration dans les infrastructures existantes ne vont pas de soi.

Pour ce qui est de l’attractivité des villes, il est mentionné qu’une concurrence féroce a lieu localement mais également au niveau mondial, le but étant souvent d’accueillir des entreprises pourvoyeuses d’emplois. La question reste posée de savoir si le développement des technologies digitales et du télétravail pourrait permettre à terme de limiter le phénomène de concentration physique opéré par les métropoles au détriment des territoires et plus petites villes environnants.

Concernant la mixité et le tissage de liens entre usagers et usages, l’intérêt de la nature et de l’agriculture en ville ont été particulièrement soulignés. Cela permet de rapprocher l’humain de la nature pour profiter de ses bienfaits et services (lien avec les saisons, traitement de l’air et des pollutions, atténuateur climatique...), mais aussi de rapprocher consommateurs et producteurs (alimentation en circuit court), ou encore de tisser des liens sociaux via des jardins partagés, Ce sont là autant d’exemples d’imbrications favorables en ville entre des lieux, des usages et des usagers différents.

Pour conclure, le constat est fait que le temps long nécessaire à la réflexion et aux actions d’urbanisation, est encore trop souvent en butte au temps court de la politique ainsi qu’au morcellement des compétences (par exemple lorsque les aspects de mobilité et déplacements sont traités séparément de l’urbanisation).

Pour traiter les problématiques complexes de la ville d’aujourd’hui et de demain, tout le monde s’accorde sur le besoin impérieux de faire travailler ensemble tous les acteurs, qu’ils soient élus, professionnels, associations, citoyens ou usagers. Bien que cela puisse s’avérer plus difficile et nécessitant de l’opiniâtreté, les témoignages s’accordent de manière unanime sur la forte valeur apportée par ces pratiques, permettant ainsi de développer et mettre en œuvre les solutions innovantes à la mesure des enjeux du 21ème siècle.

Sujets associés

Urbanisme

A noter

Références

1. Quelle ville pour demain ?

Écologie : la naissance de la ville-jardin

Les 3/4 de la production d’énergie sont engloutis par la ville qui émet toujours plus de CO2 : chaque semaine dans le monde, la population urbaine augmente d’un million d’habitants. Comment alimenter en électricité, en eau, en nourriture ces milliards d’êtres humains ? Comment rendre la ville plus durable ?

Camille Dumat, professeur de l’Université de Toulouse et chercheuse au Certop (les enjeux forts de l’agriculture urbaine) ;
Francis Grass, adjoint au Maire de Toulouse en charge de la coordination des politiques culturelles et du mécénat, président de la Commission Culture de Toulouse Metropole ;
Frédéric Van Heems, directeur général, Veolia Eau France ;
Pierre-Louis Taillandier, architecte ;
Modérateur : Jérôme Cordelier, rédacteur en chef, Le Point.

Ville : Les idées qui vont changer votre vie

Venez découvrir les toutes dernières innovations qui dessineront la ville de demain : bâtiment connecté, agriculture verticale, mobilités du futur, camion poubelle intelligent…quel visage aura notre « Futurapolis » ?

PITCH 1 : Valérie David, directrice du développement durable, Eiffage ;
PITCH 2 : Edward Arkwright, directeur général exécutif, en charge du développement, de l’ingénierie, et de la transformation, groupe ADP ;
PITCH 3 : Pierre-Etienne Franc, directeur marchés et technologies avancés, groupe Air Liquide ;
PITCH 4 : Paul Gemar, président de Cosy Diem ;
Animateur : Jérôme Cordelier, Le Point.

2. Orsenna – Babinet : dessine-moi une ville !

Intelligente, solidaire ou impitoyable ? Quel visage aura la ville de demain ?
Regards croisés de nos invités pour repenser la place de l’humain dans la ville.

Rémi Babinet, fondateur et président de l’agence BETC ;
Erik Orsenna, écrivain et académicien, auteur de « La Fontaine, une école buissonnière » (Stock, 2017) ;
Modérateur : Christophe Ono-dit-Biot, directeur adjoint de la rédaction du Point.

3. La ville dans les nuages

Aujourd’hui, la moitié de la population mondiale vit en ville. En 2050, 6 milliards d’êtres humains, soit près de 70% de la population devront se répartir…sur 2% du territoire ! Comment composer avec la densification urbaine ? Ingénieurs et architectes y réfléchissent déjà : rues verticales, fermes urbaines, tours sans fin… Prenons de la hauteur !

Sybil Cosnard, City Linked ;
Michel Derdevet, secrétaire général d’Enedis, enseignant et essayiste, auteur de « Energie, pour des réseaux électriques solidaires » (Descartes & Cie, 2017) ;
Dominique Faure, vice-présidente Toulouse Métropole, développement économique et aménagement des zones d’activités économiques, maire de Saint–Orens ;
Modérateur : Jérôme Cordelier, Le Point.