Peur sur Lasbordes

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La Dépêche du Midi

Le 12 février, des automobilistes qui circulaient sur la rocade-est de Toulouse ont vu plonger un avion de tourisme qui s'est abîmé sur un talus, près de l'aérodrome de Lasbordes. Seul l'appareil a été endommagé. Mais quelle frayeur ! 100.000 véhicules par jour empruntent le périphérique. Certains conducteurs se sont arrêtés en bord de rocade pour constater les dégâts...

L'Association de protection du cadre de vie et de l'environnement balmanais (APCVEB) vient d'écrire au préfet pour lui rappeler les sept accidents d'avions légers survenus dans le secteur en vingt ans, ses vaines actions en justice pour faire cesser les activités des écoles de pilotage et dénoncer le risque encouru par les voisins.

Ouvert il y a un demi-siècle, Lasbordes a été progressivement cerné par l'urbanisation. «25000 personnes habitent de 4 à 6 km autour de l'aérodrome. L'extrémité de la piste se trouve même à 130 mètres à l'ouest du parking Leroy-Merlin. Les avions passent à la verticale du lycée Saliège, des terrains de sports de Balma puis sur le quartier des Argoulets, à Toulouse, avant de virer vers la future ZAC de Gramont qui sera habitée par plus de mille personnes. En 1989,un avion s'est écrasé sur un champ de la zone du Cyprié où sera créée, dans quelques mois, une zone d'aménagement concerté de 20 hectares.»protestent les plaignants.

Depuis dix ans, des associations de riverains à Balma, Pin-Balma, Saint-Orens réclament des restrictions de l'activité de Lasbordes. Le site, le plus important de Midi-Pyrénées, compte une centaine d'avions dont 26 appareils-écoles et 1200 membres dans huit clubs. Et bientôt neuf, puisque l'Aéro-Club d'Air France va quitter Montaudran. On compte 80.000 mouvements par an.

UN projet de charte

Fin 2003, une commission consultative rassemblant élus, usagers et riverains autour du préfet a prévu une charte (à l'exception de quelques pilotes) qui interdit les avions-écoles, le dimanche après-midi, et prévoit des silencieux pour les 26 avions-écoles. «Ce code de bonne conduite devrait être opérationnel jusqu'à la refonte du plan d'exposition au bruit, fin 2007» note M.Fontanel, trésorier de l'APCVEB, «maisce projet a du mal à voir le jour. Or l'article 9 stipule que l'État et les collectivités locales s'engagent à reprendre la prospective de choix d'un site pour un aérodrome à usage restreint, à dix minutes de Lasbordes».

Les riverains ne seraient pas contre le projet de Thierry Robin qui propose sur son «aérodrome privé» à Vacquiers d'accueillir les écoles de pilotage pour délester les aérodromes enclavés comme Lasbordes ou Montauban. Cela dit, après le mouvement antiaéroport qui s'est focalisé sur le site de Vacquiers l'an dernier, il y a peu de chances que même des avions de tourisme viennent un jour se poser sur cette plaine du nord-est...

Déménagement difficile

Maire de Balma et vice-président, chargé des loisirs, de la communauté d'agglomération du Grand Toulouse, Alain Fillola n'esquive pas le sujet : «Le crash du 12 février repose la question de la sécurité dans notre secteur pour l'urbanisation actuelle et à venir. Au delà de la ZAC de Gramont, de la rocade-est, il faut considérer les futures liaisons routières à proximité, la déviation de la route de Castres et sa future jonction multimodale vers Montaudran.»

Si les réflexions entre autorités aéronautiques, élus locaux, usagers de l'aérodrome, riverains tendent à améliorer les problèmes d'environnement, le déménagement de l'aérodrome se heurte à un blocage. «Lasbordes ne fermera pour l'instant», assure Gérard Soulier, de la Direction générale de l'aviation civile. «C'est la même problématique qu'un futur aéroport. Qui accepterait un tel site chez soi?» relève Alain Fillola tout en renvoyant l'Etat à sa responsabilité sur la sécurité. En ayant ce souci en tête (lire ci-contre), la DGAC s'étonne de cette polémique : «Toulouse est la capitale de l'aéronautique. On nous envie nos industries et nos emplois. C'est normal que la ville compte beaucoup de passionnés d'aviation. Lasbordes est proche des écoles d' ingénieurs aéronautiques de l'ENAC, de SupAéro et de l'ENSICA. Comment former ces futurs professionnels sans leur donner des cours de pilotage et des connaissances basiques sur les avions ? «.

Henri Beulay et

J.-F Lardy-Gaillot

(1) : 28 mars 1985 : crash


Pour la DGAC, le danger est limité

La DGAC (Direction générale de l'aviation civile) relativise les doléances des riverains. «Sept accidents en vingt ans, c'est bien sûr sept de trop, mais c'est peu par rapport au nombre de vols et au nombre de pilotes formés. Il faut dédramatiser la situation et garder la raison. Lasbordes n'est pas plus dangereux qu'un autre aérodrome», considère Gérard Soulier, responsable de la communication. La DGAC, qui vient d'organiser un séminaire spécifique avec les instructeurs de tous les aéro-clubs de la région, rappelle «la logique permanente de vigilance et de sécurité des pilotes pour minimiser des risques qui ne sont pas nuls».

La DGAC a déjà demandé aux instructeurs de Lasbordes de faire effectuer les «tours de piste» de leurs élèves sur les aérodromes d'Albi, Castres, Gaillac et Pamiers : les apprentis-pilotes partent et reviennent à Toulouse, mais réalisent leurs inévitables séries de décollages-atterrissages ailleurs.


L'incrédulité dans les aéroclubs

A l'aéro-club Toulouse Midi-Pyrénées, la simple évocation de la sécurité des riverains constitue une insulte. « Dans notre aéro-club, il n'y a pas eu d'accident», précise une secrétaire avant d'expliquer que seul le président répond aux questions sur la sécurité, mais qu'elle à ordre de ne pas fournir ses coordonnées. .. Un pilote ironise : «Toute personne qui vit va mourir. Les accidents, par définition, ça arrive. Il y a plus de contrôle sur les avions que sur les voitures». Quant à savoir si l'aéroport est trop près des maisons, la question amuse beaucoup : «C'est l'histoire des platanes qui traversent la route. Ce n'est pas l'aérodrome qui est trop près de la ville , ce sont les gens qui habitent près de l'aérodrome».

TROP DE PERMIS DE CONSTRUIRE

A l'aéro-club des ailes toulousaines, l'ambiance est plus conciliante. Après quelques mots peu amènes sur «les riverains qui attendent le moindre incident pour demander le départ de l'aérodrome», ce sont les villes qui font l'objet decritiques, «car elles ne devraient pas délivrer les permis de construire aux personnes qui voulaient faire bâtir leur maison à proximité des pistes». Les membres du club préfèrent s'expliquer sur le plan de vol imposé à tous les aéronefs. Sur une carte affichée dans le local, figurent les communes riveraines et les centres commerciaux. La ligne noire symbolisant le tour de piste imposé à tous les pilotes à l'atterrissage et au décollage contourne effectivement toutes les concentrations de population. «Nous faisons attention de ne pas survoler les zones habitées. C'est normal de respecter la tranquillité des gens. Hormis dans sa partie la plus proche de Balma, l'aérodrome est implanté au milieu des champs. Il ya vraiment assez de place pour se poser en cas de problème, sans aller s'écraser sur les maisons ou sur la rocade. Nous sommes bien ici et nous ne demandons rien à personne, mais si nous retrouvons les mêmes conditions dans un rayon de 10 Km au maximum, on ne sera pas contre».

Bernard DAVODEAU

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